Quel a été le véritable rendement du CAC 40 sur le long terme, une fois l’inflation déduite et les dividendes réinvestis ? Entre 1854 et 2006, la performance réelle des actions françaises dépasse largement celle de l’or ou des obligations, à condition de tenir compte des bons indicateurs. Cet article propose une analyse approfondie de la rentabilité réelle des grands actifs financiers, en replaçant leurs performances dans leur contexte historique, économique et monétaire.

Alors que l’inflation ronge silencieusement le pouvoir d’achat, comprendre la performance réelle des placements financiers est bien plus qu’un exercice académique : c’est une nécessité stratégique pour tout investisseur sérieux.

Si le CAC 40 est souvent brandi comme un thermomètre de la santé économique française, sa performance brute ne reflète qu’une partie de la réalité.

Plongeons ensemble dans plus d’un siècle et demi d’histoire financière, en ajustant les chiffres à l’inflation et en intégrant le rôle capital des dividendes.

Qu’est-ce que la performance réelle et pourquoi est-elle importante ?

La performance réelle d’un actif financier correspond à son rendement ajusté de l’inflation. Autrement dit, elle mesure l’évolution du pouvoir d’achat généré par cet investissement au fil du temps. Contrairement à la performance nominale, celle que l’on lit souvent sur les graphiques boursiers la performance réelle nous dit ce que votre argent vaut réellement une fois les hausses de prix déduites. Et croyez-le ou non, entre un rendement de 5 % brut dans un monde à 4 % d’inflation et un rendement de 3 % dans un monde désinflationniste, ce n’est pas le premier qui vous enrichit le plus.

Pourquoi est-ce essentiel ? Parce que l’inflation agit comme une taxe invisible : elle grignote vos gains, même lorsque vos placements semblent florissants en apparence. un placement rapportant 10 % par an en période d’inflation galopante peut en réalité vous appauvrir, si le coût de la vie augmente plus vite. Comprendre la performance réelle, c’est donc dépasser l’illusion monétaire et s’ancrer dans une évaluation tangible de la richesse créée.

Cette approche est d’autant plus cruciale lorsqu’on analyse les performances historiques sur plusieurs décennies. Les cycles économiques, les régimes monétaires (de l’étalon-or à la planche à billets), les crises ou les périodes de croissance rapide ont des effets drastiquement différents en termes réels.

C’est justement là que les investisseurs avertis et les stratégies alternatives comme celles que nous mettons en œuvre trouvent leur avantage : en se concentrant sur la création de valeur nette et non sur des chiffres bruts trompeurs.

Étude historique des performances : 1854 à 2006

Du Second Empire aux prémices de l’euro, la France a connu deux guerres mondiales, cinq régimes monétaires et une bonne demi‑douzaine de crises majeures. Pour comparer les actifs sur cette longue période, il faut :

  1. Des séries homogènes : indices reconstruits pour les actions et l’or, courbes de rendement « OAT » pour la dette publique.
  2. Un ajustement systématique à l’inflation : l’évolution des prix à la consommation est soustraite année par année.
  3. La réintégration automatique des flux : dividendes pour les actions, coupons pour les obligations, absence de flux pour l’or.

Résumons les ordres de grandeur réels (moyenne annualisée, 1854‑2006) :

ActifRendement réel annuel moyenVolatilité réelleCommentaire synthétique
Actions (CAC 40 reconstruit, dividendes réinvestis)+4,2 %ÉlevéeTrois phases : +0,7 % avant 1914, ‑7,4 % 1914‑1982, +10,4 % depuis 1983 ResearchGateCambridge University Press & Assessment
Or+0,7 %MoyenneProtège surtout durant les régimes d’inflation ou de crise monétaire Macrotrends
Obligations d’État (rentes & OAT)+1,3 %FaibleFilet de sécurité, mais laminé en période de reflation ou de restructuration de dette Gabriel Zucman | Professor of economicschicagofed.org

Les chiffres bruts font déjà apparaître un vainqueur clair, mais leur lecture isolée masque des mécaniques décisives : dividendes pour les actions, étalon‑or pour le métal jaune, taux réels pour la dette souveraine. Entrons dans le détail.

Le CAC 40 et le rôle clé des dividendes

Sans les dividendes, le CAC reconstruit (blue‑chips de la Bourse de Paris) traîne des performances atones à long terme, voire négatives en francs constants ; ajoutez le réinvestissement, et l’on passe à plus de +4 % réels, malgré deux guerres mondiales et la grande inflation des années 70 – 80. Autrement dit :

  • Le dividende est le turbo : il a représenté jusqu’à 75 % du rendement total sur certaines décennies.
  • Temps long requis : les pertes de la période 1914‑1982 sont intégralement effacées après 23 ans de détente monétaire et de réformes de marché (1983‑2006).
  • Stratégies alternatives : chez ALEGANT, nous poussons le concept plus loin en capturant des primes de risque « exotiques » (volatilité, événementiel, carry structurel) qui jouent le même rôle que le dividende… sans dépendre du bon vouloir des assemblées générales.

Morale : Ignorez les dividendes c’est regarder le CAC dans le rétroviseur d’une 2 CV ; réinvestissez les et vous voilà en TGV option wagon‑bar, évidemment.

La performance de l’or face à l’inflation

Adulé lors des paniques, ignoré dans les booms, l’or affiche un maigre +0,7 % réel sur 150 ans. Il brille surtout :

  • Quand la monnaie se délite : 1914‑1928 (fin de l’étalon‑or), 1971‑1980 (fin de Bretton Woods).
  • Comme assurance‑crise : corrélation négative avec les actifs risqués aux pires moments.

Mais sur la durée, ses gains sont érodés par les coûts de portage (stockage, assurance) et l’absence de flux. Bref, un excellent parapluie, mais un piètre voilier : il vous garde au sec, pas sûr qu’il vous fasse avancer.

Les obligations d’État : préservation du capital et rendement réel

Les « rentes » impériales, puis les OAT, délivrent environ +1,3 % réel en moyenne :

  • Stabilité : volatilité la plus basse du trio, idéale pour la partie défensive d’un portefeuille.
  • Déception inflationniste : les années 1945‑1958 et 1973‑1984 voient des taux réels profondément négatifs.
  • Répression financière : le service de la dette publique a souvent été allégé par l’inflation réglementée, pénalisant les porteurs.

Impact de l’inflation sur le pouvoir d’achat des investisseurs

L’inflation n’est pas un simple bruit de fond économique : c’est une force corrosive, discrète mais persistante, qui peut anéantir les gains apparents d’un portefeuille. Entre 1914 et 2006, l’indice des prix à la consommation en France a été multiplié par plus de 100. Autrement dit, 1 000 francs investis en 1914 devaient en valoir 100 000 en 2006 simplement pour conserver leur pouvoir d’achat.

Ce phénomène a plusieurs implications majeures pour l’investisseur :

  • Les rendements nominaux sont trompeurs : une obligation à 6 % dans un contexte d’inflation à 8 % vous appauvrit.
  • La période 1970‑1984 est emblématique : les actions ont stagné, les obligations ont fondu, seul l’or a provisoirement préservé le capital… avant de chuter à son tour.
  • Les placements sans flux (comme l’or ou l’immobilier inactif) sont particulièrement vulnérables s’ils ne sont pas valorisés dans un cycle haussier.

L’inflation agit aussi comme une réinitialisation des patrimoines. Ceux qui ne réallouent pas activement leur capital ou qui restent trop longtemps en produits monétaires voient leur épargne s’éroder insidieusement. À l’inverse, les stratégies dynamiques, fondées sur des actifs réels à rendement positif, peuvent s’en accommoder, voire en tirer parti.

Petit rappel : L’inflation est comme le cholestérol, il y en a du bon et du mauvais. Le tout est de savoir où il se cache et comment s’en protéger intelligemment.

La rentabilité réelle des stratégies d’investissement historiques

L’analyse des données 1854‑2006 ne laisse guère de place au doute : les actions, réinvestissant leurs dividendes, sont les grandes gagnantes sur le long terme. Leur performance réelle dépasse celle des obligations et de l’or, parfois dans des proportions spectaculaires. Pourtant, cette supériorité n’est pas constante : elle est soumise aux cycles économiques, aux contextes géopolitiques et à l’environnement monétaire.

Résumé des grandes leçons historiques :

  1. L’horizon long est la clé : sur 30 ans, les actions battent l’inflation dans plus de 90 % des cas.
  2. Les flux font tout : sans dividendes ou coupons réinvestis, les performances réelles sont atones.
  3. La diversification temporelle compte : les périodes de choc (1914, 1939, 1973) ont mis jusqu’à 20 ans à être amorties.
  4. L’or est un actif tactique, pas stratégique : utile par épisodes, mais inefficace comme cœur de portefeuille.
  5. Les obligations sont conservatrices par nature, mais destructrices en régime inflationniste.

En bref, si le passé ne se répète pas, il rime. Et ce qu’il nous murmure, c’est qu’aucune stratégie fondée uniquement sur la prudence n’a permis de préserver le pouvoir d’achat réel sur plusieurs décennies.

C’est ici que les approches alternatives prennent tout leur sens. En combinant diversification multi‑facteurs, exposition à des primes de risque moins conventionnelles (volatilité, illiquidité, arbitrage), et gestion active des cycles économiques, des stratégies comme celles que nous développons visent à offrir une rentabilité réelle positive y compris dans les contextes les plus adverses.

Parce qu’au fond, l’objectif n’est pas de battre le marché une année sur deux… mais de s’enrichir durablement dans un monde en constante mutation.